La Principauté qui compte sur son territoire un service postal assuré par l’Administration française et une philatélie monégasque spécifique apparaît comme une exception, puisque cette dissociation est unique, et qu’ailleurs la philatélie est une branche de la Poste nationale.

Dans le cadre de l’Office des Émissions de Timbres-Poste, créé le 6 novembre 1937, Messieurs Henry GAMERDINGER et Hyacinthe CHIAVASSA, les deux premiers Directeurs, ont marqué les débuts de la philatélie monégasque ; ils étaient également Conservateurs du Musée postal. Ils insisteront sur la qualité des émissions (techniques), le caractère novateur (formats) et sur une nécessaire spécificité (thèmes, culture patrimoniale).

Les premières émissions donneront lieu à des queues imposantes dans des années fastes d’une philatélie particulièrement active ; Monaco se distingue par des thèmes spécifiques (séries des Princes, le sculpteur Bosio, le mariage princier), des présentations novatrices (émission de timbres triangulaires (1946), de losanges et doubles triangles (1953), de trapèzes ou de figurines réduites (sceau 1955) ou une évolution des techniques (typographie jusqu’en 1922 et l’apparition de la taille-douce, héliogravure à partir de 1970 et utilisation de techniques mixtes taille-douce/offset dès 1992)…

Vers 1985, près de 35 000 collectionneurs sont abonnés. Monaco est parmi les premiers pays à émettre de grands timbres d’art, qui sont appréciés et constituent notamment une galerie de tableaux du patrimoine monégasque et mondial intéressante. De nombreux Prix internationaux sont attribués à la Principauté pour ses timbres, grâce à de grands artistes tels que SLANIA ou ALBUISSON ; de telles récompenses perdurent et se multiplient de nos jours.

De grands événements donnent lieu à des émissions commémoratives marquantes : 1997 et les 700 ans de la Dynastie Grimaldi à Monaco, les 150 ans de la naissance du Prince Albert Ier et les 50 ans de la Croix-Rouge Monégasque (1998), le Jubilé de S.A.S. le Prince Rainier III (1999), le Troisième Millénaire et l’instauration de l’Euro (1999/2002), l’accession au trône de S.A.S. le Prince Albert II (2005), le mariage de S.A.S. le Prince Albert II et Mademoiselle Charlene Wittstock (2011), la naissance des Enfants Princiers, les 10 ans de Règne de S.A.S. le Prince Labert II (2015).

Tout en préservant les artistes habituels, de nouveaux dessinateurs sont utilisés pour rénover certains thèmes et traitements ; la taille-douce (gravure sur acier) demeure la technique privilégiée des timbres de Monaco, aux côtés de timbres en héliogravure qui assurent des couleurs chatoyantes ou en offset qui peuvent exceptionnellement être agrémentés de gaufrage, thermogravure ou couleurs à chaud. L’émission d’un carnet autocollant (blason) correspond à une évolution nécessaire, mais l’Office se refuse - malgré une concurrence grandissante - à émettre des timbres à la mode (Lady Di, dinosaures) ou gadgets (formats biscornus, timbres personnalisés…).

La présentation des timbres en petites feuilles - généralisée à partir de 1997 - prend en compte la dimension des albums de collection et favorise des bords de feuille enluminés qui explicitent la commémoration et allège le visuel des timbres ; l’année apparaît aussi bien sur les coins des feuilles que dans le liséré inférieur de chaque timbre pour en faciliter le classement ; les enveloppes « premier jour » sont illustrées de manière différente chaque année pour assurer un caractère plus exclusif que par le passé. Enfin, des encarts de présentation positionnent également les timbres comme un cadeau apprécié.

La philatélie monégasque maintient une tradition essentielle, et la grande qualité des figurines postales de Monaco est reconnue tant pour les techniques utilisées, les thèmes et les visuels retenus que par des tirages particulièrement « raisonnables (de 30.000 à 200.000 exemplaires en moyenne) ; hobby des Rois et Roi des Hobbies, cela est particulièrement vrai puisque l’O.E.T.P. émet une cinquantaine de timbres par an pour un coût inférieur à 100 Euro.

L’Office poursuit une politique de service particulièrement soignée qui est assurée à ses clients et abonnés ; ces derniers sont privilégiés puisqu’ils sont garantis de recevoir l’ensemble des émissions de Monaco, même si celles-ci sont en tirages limités ou rapidement épuisées dans les guichets.

L’Office cherche à favoriser l’utilisation des timbres sur les courriers au départ de Monaco, pour valoriser la collection des figurines postales de Monaco.

Malgré tout le soin apporté aux émissions, l’erreur reste humaine et ce fut le cas pour la feuille des « Princes de Monaco » en 1997 ; une inversion entre les visuels et les textes de 2 timbres est intervenue à l’Imprimerie, provoquant une erreur dans la chronologie historique. Il aurait été facile de réimprimer après avoir corrigé cette erreur et de vendre ainsi 2 fois cette feuille. En accord avec le Palais, l’Office a décidé de ne pas sanctionner financièrement les collectionneurs et de ne pas réimprimer ; malgré quelques incompréhensions, cette attitude a été généralement appréciée et justifie la confiance des philatélistes vis-à-vis de la Principauté, qui a été renouvelée à cette occasion, parce que la politique de l’O.E.T.P. vise le moyen terme et la satisfaction de ses clients, non le profit immédiat et éphémère.

Symbole de souveraineté, vecteur de communication, le timbre est bien plus que cela, une passion qui est partagée tout autour du globe et une visibilité qualitative de la Principauté qui dépasse la dimension du territoire et véhicule positivement une histoire, une tradition et des réalités monégasques.